PRÉLUDE

Rukbat, dans le secteur du Sagittaire, était une étoile jaune du type G. Elle avait cinq planètes, deux ceintures d’astéroïdes et une planète excentrique, captée et retenue dans son champ d’attraction depuis des millénaires. Des hommes s’établirent sur le troisième monde de Rukbat et le nommèrent Pern ; ils prêtèrent tout d’abord peu d’attention à la planète étrangère, qui décrivait une orbite elliptique totalement excentrique autour de son soleil d’adoption. Pendant deux générations, les colons pensèrent assez peu à l’astre rouge et brillant, jusqu’au jour où sa course errante l’amena près de sa planète sœur au périhélie.

Quand les deux planètes étaient proches et les circonstances favorables, sans conjonctions avec d’autres planètes du système, la vie indigène de l’errante cherchait à franchir le gouffre de l’espace pour rejoindre la planète plus tempérée et hospitalière.

Les pertes initiales supportées par les colons furent effrayantes ; une longue lutte s’ensuivit pour survivre et combattre cette menace tombant des cieux sous la forme de Fils d’argent et le contact ténu subsistant entre Pern et la Planète-Mère fut rompu.

Les Pernais avaient très tôt démembré leurs vaisseaux de transport et renoncé à des subtilités technologiques inutiles sur cette planète pastorale. Pour maîtriser les incursions des Fils redoutés, ces hommes ingénieux s’embarquèrent dans une entreprise de longue haleine. La première phase fut l’élevage d’une forme de vie hautement spécialisée, indigène à leur nouveau monde. Les hommes et les femmes doués d’un coefficient d’empathie élevé et de quelque capacité télépathique s’entraînèrent à utiliser et à préserver l’espèce de ces étranges animaux. Les « dragons » (baptisés ainsi d’après l’animal terrestre mythique auquel ils ressemblaient) avaient deux caractéristiques extrêmement utiles : ils pouvaient se transporter instantanément d’un endroit à un autre et, après avoir mastiqué un minéral riche en phosphine, ils émettaient un gaz combustible. Ainsi les dragons pouvaient « voler » et calciner les Fils en plein ciel tout en restant eux-mêmes pratiquement indemnes. Le développement complet de cette première phase prit des générations. La seconde phase de la défense devait exiger plus de temps encore pour arriver à terme. Car les Fils, spores mycorhizoïdes capables de traverser l’espace, dévoraient les matières organiques avec une aveugle voracité et, dès qu’ils avaient touché terre, s’y enfonçaient et y proliféraient avec une rapidité terrifiante.

Les initiateurs de ce programme ne firent pas la part suffisante au hasard et à l’effet psychologique de l’extermination de ces ennemis voraces. Il était rassurant pour les Pernais de voir cette menace calcinée et réduite à l’impuissance en plein ciel. De plus, le Continent Méridional, cadre prévu pour la seconde phase, se révéla inhabitable, et toute la colonie émigra vers le continent nord pour chercher refuge contre les Fils dans les grottes naturelles des chaînes montagneuses septentrionales. Le Continent Méridional perdit toute importance au cours de la lutte immédiate menée pour établir de nouvelles colonies dans le Nord. À chaque génération, les souvenirs de la Terre s’estompèrent de plus en plus, jusqu’à ce que l’histoire des origines de Pern dégénérât en mythe, pour finalement se perdre dans l’oubli.

Le Fort originel, construit dans la face est de la grande chaîne occidentale, fut bientôt trop petit pour donner asile à tous les colons. Une autre colonie se fixa un peu au nord, près d’un grand lac commodément niché à proximité d’une falaise creusée de nombreuses cavernes. Mais le Fort de Ruatha, lui aussi, se trouva surpeuplé en quelques générations.

Comme l’Étoile Rouge se levait à l’est, on décida d’établir un Fort dans les montagnes orientales, là où l’on trouverait les facilités nécessaires.

Par facilités nécessaires, on entendait des grottes, car seuls le roc et le métal (dont Pern était presque complètement dépourvue) restaient inattaquables aux brûlures des Fils.

Dans l’intervalle, la race des dragons ailés et crachant le feu avait évolué de telle sorte que la taille de ces animaux nécessitait maintenant plus d’espace que les falaises des Forts ne pouvaient en offrir. Les cônes creusés de grottes des volcans éteints, dont l’un dominait le premier Fort et l’autre se trouvait dans les montagnes de Benden, convenaient à leur établissement, pourvu qu’on leur apportât quelques améliorations destinées à les rendre habitables. Toutefois, ces travaux finirent par épuiser le combustible nécessaire aux grandes excavatrices, qui étaient programmées en vue d’opérations minières de petite envergure, et non pour l’excavation de montagnes entières. Les Forts et les Weyrs qui suivirent durent être creusés à la main.

Les dragons et leurs maîtres dans leurs montagnes, et les roturiers dans leurs grottes se consacrèrent à leurs tâches chacun de leur côté, chaque groupe développa des habitudes qui devinrent coutume, et la coutume se pétrifia en une tradition aussi intangible que la loi.

Survint alors un Intervalle – deux cents Révolutions de la planète Pern autour de son soleil – où l’Étoile Rouge se trouva à l’autre extrémité de son orbite excentrique, captive solitaire et glacée. Aucun Fil ne tomba plus sur le sol de Pern. Les habitants se mirent à jouir de la vie, comme ils avaient pensé en jouir lorsqu’ils avaient pour la première fois abordé cette planète hospitalière. Ils effacèrent les déprédations des Fils, ensemencèrent les champs, plantèrent des vergers et se mirent à reboiser les pentes dénudées. Ils parvinrent même à oublier qu’ils avaient frôlé de près l’extinction totale. Puis les Fils se remirent à tomber pendant un autre passage de l’Étoile près de la planète luxuriante – cinquante jours de danger pleuvant des cieux – et, de nouveau, les Pernais bénirent leurs ancêtres, morts depuis des générations, pour leur avoir légué les dragons brûlant en plein ciel de leur haleine enflammée les Fils tombant de l’Étoile Rouge.

La race des dragons, elle aussi, avait prospéré durant cet Intervalle ; elle s’était établie en quatre autres endroits, suivant le plan originel de défense provisoire. Les hommes en arrivèrent à oublier complètement qu’il avait existé une mesure secondaire de défense contre les Fils.

Le temps que se produise le troisième Passage de l’Étoile Rouge, une structure socio-politico-économique complexe s’était développée pour faire face à ce mal récurrent. Les six Weyrs (ainsi appelait-on les vieilles demeures volcaniques des dragons) s’engagèrent à protéger Pern en son entier, chaque Weyr prenant littéralement sous ses ailes un secteur géographique du continent nord. Le reste de la population leur versait la dîme, car les combattants, les chevaliers-dragons, n’avaient pas de terres arables dans leurs domaines volcaniques, et ne pouvaient, en temps de paix, distraire des soins à donner aux dragons le temps d’apprendre d’autres activités ni, en temps de Passage, se consacrer à autre chose qu’à la protection de Pern.

Les colonies, nommées Forts, se développèrent partout où l’on découvrit des grottes ; certaines, bien entendu, plus étendues ou stratégiquement mieux situées que d’autres. Il fallait un chef énergique pour maîtriser les hommes terrifiés et paniqués durant les attaques des Fils ; il fallait une sage administration pour conserver les provisions en prévision des destructions de récoltes, et des mesures extraordinaires pour contrôler la population et faire en sorte qu’elle reste active et en bonne santé jusqu’à ce que le danger fût passé. Des hommes pourvus de dons spéciaux pour la métallurgie, l’élevage, l’agriculture, la pêche, le tissage, les mines (ou ce qui en subsistait), formèrent des Ateliers dans tous les Forts importants, chacun se réglant sur un Atelier-Maître qui enseignait les préceptes du métier, conservait et transmettait d’une génération à une autre les secrets de son art. Pour que le Seigneur d’un Fort ne puisse refuser aux autres Forts de la planète les produits de l’Atelier situé sur son territoire, on décréta que les Ateliers seraient indépendants des Forts, chaque artisan d’un Atelier prêtant allégeance au Maître de cet Art (élu sur ses capacités professionnelles et administratives). Le Maître d’un Art était responsable de la production de ses Ateliers, de la distribution, juste et équitable, de tous les produits de son Art, sur une base planétaire plutôt que locale.

Certains droits et privilèges étaient l’apanage des différents Seigneurs des Forts, des Maîtres d’Ateliers et, naturellement, des chevaliers-dragons dont dépendait la protection de tous pendant les attaques des Fils.

Inexorablement, l’Étoile Rouge se rapprochait de Pern, mais elle finissait toujours par passer, et la vie reprenait un cours plus tranquille. De temps en temps, la conjonction des cinq satellites naturels de Rukbat empêchait l’Étoile Rouge de passer assez près de Pern pour y faire tomber ses spores redoutés. Parfois, cependant, les planètes sœurs de Pern semblaient attirer l’Étoile Rouge encore plus près, et les Fils pleuvaient inexorablement sur l’infortunée victime. La peur engendre le fanatisme, et Pern ne fit pas exception. Seuls les chevaliers-dragons pouvaient sauver Pern, et leur condition devint inviolable dans l’organisation de la planète.

L’histoire de l’humanité montre qu’elle sait oublier le désagréable, l’indésirable. En ignorant leur existence, elle occulte la source d’anciennes terreurs. Et l’Étoile Rouge ne passa pas assez près pour que tombent les Fils. Le peuple crût et se multiplia, s’établissant sur toutes les terres riches, creusant d’autres Forts dans le roc, si absorbé dans la poursuite de ces buts que nul ne s’aperçut qu’il n’y avait plus que quelques rares dragons volant dans les cieux de Pern, qu’un seul Weyr sur toute la planète. On n’attendait pas le passage de l’Étoile Rouge avant très, très longtemps. Pourquoi s’inquiéter si longtemps à l’avance ? En cinq générations à peu près, les descendants des héroïques chevaliers-dragons tombèrent en disgrâce. Les légendes de leur bravoure passée et la cause même de leur existence tombèrent en discrédit. Quand, suivant le cours des forces naturelles, l’Étoile Rouge se rapprocha de nouveau, clignant un œil rouge et menaçant sur sa victime prédestinée, un homme, F’lar, maître du dragon bronze Mnementh, crut que les anciennes légendes étaient véridiques. Son demi-frère, F’nor, maître du dragon brun Canth, écouta ses arguments et trouva qu’il était plus exaltant d’y croire que de vivre la vie monotone du seul Weyr solitaire de Pern. Quand le dernier Œuf d’Or d’une reine mourante fut pondu sur l’Aire d’Éclosion du Weyr de Benden, F’lar et F’nor saisirent l’occasion pour prendre le contrôle du Weyr. Partant en quête d’une femme énergique pour monter la jeune Reine prête à sortir de l’œuf, F’lar et F’nor découvrirent Lessa, dernière survivante de la fière Lignée du Fort de Ruatha. Elle conféra l’Empreinte à la jeune Reine, Ramoth, et devint Dame du Weyr de Benden. Et quand Mnementh, le bronze de F’lar, couvrit la jeune reine au cours de son premier vol nuptial, F’lar devint le Chef du Weyr et des derniers chevaliers-dragons de Pern. Les trois maîtres des dragons, F’lar, Lessa et F’nor, forcèrent les Seigneurs des Forts et les Artisans à prendre conscience du danger imminent et à préparer aux attaques des Fils la planète presque sans défense. Mais il était désespérément évident que les deux cents malheureux dragons du Weyr de Benden ne pourraient pas protéger efficacement des colonies aussi dispersées. Six Weyrs entiers s’étaient trouvés nécessaires, autrefois, alors que les surfaces cultivées étaient bien moindres. En apprenant à diriger sa Reine dans l’Interstice d’un endroit à un autre, Lessa découvrit que les dragons pouvaient également se téléporter dans le temps interstitiel. Risquant sa vie en même temps que celle de l’unique reine de Pern, Lessa, avec Ramoth, remonta le temps à quatre cents Révolutions en arrière, juste avant la disparition mystérieuse des cinq autres Weyrs, juste après la fin du dernier Passage de l’Étoile Rouge. Ce fut LE VOL DU DRAGON. Le plus grand vol jamais accompli.

À cette époque, les cinq Weyrs, voyant que l’avenir ne leur promettait que le déclin de leur prestige, s’ennuyaient à mourir d’inaction après une vie entière de combats exaltants. Ils acceptèrent d’aider le Weyr de Lessa et descendirent le temps jusqu’à sa Révolution.

LA QUÊTE DU DRAGON, deuxième épisode de LA BALLADE DE PERN, reprend le récit sept Révolutions plus tard.

En ce temps-là, la gratitude et le soulagement initiaux des Forts et des Ateliers s’étaient estompés. Les Anciens, de leur côté, n’aimaient pas la Pern future où ils vivaient désormais, quatre cents Révolutions ayant apporté sur la planète trop de changements subtils. Habitués à une population plus reconnaissante et plus docile, ils étaient en désaccord perpétuel avec les Seigneurs des Forts et avec les Ateliers – et plus encore avec le Weyr de Benden et les idées libérales de ses chefs.

Les tensions qui couvaient entre les deux factions finirent par éclater au grand jour à l’occasion d’une querelle mesquine entre F’nor et un Ancien de Fort. F’nor fut envoyé en convalescence sur le Continent méridional, récemment recolonisé. Pendant ce temps, F’lar affrontait un Ancien, T’ron du Weyr de Fort, au cours d’une assemblée à laquelle assistaient tous les chefs de Weyrs sauf deux. Peu de décisions y furent prises, mais il devint évident que les Anciens n’assumaient pas leurs responsabilités. Les arguments de F’lar firent réfléchir deux Anciens, D’ram, Chef du Weyr d’Ista, et G’narish, Chef du Weyr d’Igen. Les Fils s’étaient mis à tomber à des moments imprévus, et les chartes, soigneusement préparées par F’lar à partir des Anciennes Archives, perdaient de leur intérêt. Robinton, Maître Harpiste de Pern et Fandarel, Maître Forgeron, unirent leurs forces à celles des Chefs du Weyr de Benden pour parer à ce nouveau danger. Fandarel inventa un appareil qui, espérait-il, permettrait aux Weyrs, Forts et Ateliers de communiquer entre eux. Pendant ce temps, au Weyr Méridional, F’nor se laissait dorloter par la jeune Brekke, maîtresse d’une reine-dragon. Il découvrit par hasard que les lézards de feu, considérés jusque-là comme des animaux légendaires, existaient effectivement et pouvaient recevoir l’Empreinte à l’Éclosion, de même que leurs cousins génétiques, les dragons. Kylara, Dame du Weyr Méridional, passionnée mais insatisfaite, trouva, une couvée d’œufs de lézards de feu, qu’elle apporta à Meron de Nabol, l’un des Seigneurs les plus contrariants.

Appelé par un message de F’nor sur les lézards de feu, F’lar se rendit au Weyr Méridional, où il constata que T’bor, le jeune Chef du Weyr, avait bien des difficultés avec sa Dame, la sensuelle Kylara. Quand les Fils se mirent à tomber, F’lar participa à la bataille. Observant un curieux phénomène dans la végétation luxuriante, il découvrit dans la terre un insecte très bizarre et actif. Il en rapporta quelques échantillons au Maître Éleveur, Sograny, qui s’entêta à considérer ces larves comme une malédiction. F’lar, au souvenir de ses observations, était d’un avis différent et continua son enquête sur les larves avec l’aide de F’nor, maintenant rentré au Weyr, et de N’ton, jeune chevalier-dragon issu des Ateliers, et maître du bronze Lioth.

Puis le Seigneur Lytol, tuteur du jeune Jaxom, à qui Lessa avait cédé ses droits héréditaires sur le Fort de Ruatha, se rendit au Weyr de Benden pour discuter des problèmes du Fort avec F’lar, Lessa, Robinton et Fandarel. Jaxom l’accompagnait, car il s’était lié d’amitié avec Felessan, fils unique de F’lar et de Lessa. Pendant la réunion des adultes, les deux garçons, empruntant des passages inutilisés du Weyr, se rendirent à l’Aire d’Éclosion pour jeter un coup d’œil sur la dernière ponte de Ramoth. Le retour inattendu de la Reine les effraya, ils s’enfuirent et s’égarèrent dans les sombres corridors, découvrant par hasard des salles inconnues. Un groupe parti à leur recherche les trouva sans connaissance, et découvrit dans tes salles oubliées divers objets curieux, dont un appareil grossissant les petits objets, et que Fandarel rangea immédiatement parmi ses trésors personnels. F’lar proposa de faire des recherches discrètes dans les Weyrs et les Forts les plus anciens, espérant redécouvrir des connaissances perdues.

Peu après, Kylara et le Seigneur Meron allèrent au Fort de Telgar assister au mariage du Seigneur Asgenar et de la sœur de Telgar. Quand on les vit arriver, leurs lézards de feu perchés sur le bras, il y eut une agitation considérable. Soudain, un chevalier-dragon vint troubler la noce en annonçant une Chute de Fils inopinée à Igen. F’lar sollicita l’aide des autres Chefs de Weyrs, et T’ron y trouva prétexte à défier en duel le Chef du Weyr de Benden ; F’lar en sortit blessé mais vainqueur et bannit T’ron et ceux des Anciens qui refusaient de le reconnaître comme Chef de tous les Weyrs. Tous les Seigneurs et les Maîtres Artisans le soutenaient. Parmi les Anciens Chefs de Weyrs, D’ram d’Ista, G’narish d’Igen et R’mart de Telgar se rangèrent également à ses côtés. T’kul des Hautes Terres suivit T’ron en exil avec soixante-dix autres Anciens et chevaliers-dragons. F’lar, malgré sa blessure, insista pour aller combattre les Fils à Igen, et, remontant le temps dans l’Interstice, y arriva au début de la Chute.

Les premiers occupants du Continent Méridional, expulsés par T’ron, s’installèrent dans le Weyr des Hautes Terres, qu’ils trouvèrent en triste état. Brekke, ignorant que Wirenth, sa reine, était proche de son premier vol nuptial, s’affaira à remettre de l’ordre dans le Weyr, tandis que Kylara s’amusait avec le Seigneur Meron. Malheureusement, c’était aussi le temps des amours pour Prideth, la reine de Kylara, et les deux reines prirent leur vol en même temps. Une bataille s’ensuivit, au cours de laquelle les autres reines tentèrent de séparer les combattantes. Canth essaya désespérément de sauver Wirenth, mais les deux reines, mortellement blessées, disparurent dans l’Interstice, laissant Kylara idiote et Brekke au bord de la folie. Seuls l’amour de F’nor, le dévouement de Canth et la compagnie continuelle des petits lézards de feu la maintinrent en vie.

Pendant ce temps, se guidant sur les principes de l’appareil grossissant découvert au Weyr de Benden, Fandarel et Wansor construisirent une puissante longue-vue qui permit de voir la surface nuageuse de l’Étoile Rouge et quelques détails des autres planètes du système. Lessa, Robinton et le Seigneur dissident Meron allèrent l’essayer au Fort de Benden, Meron affirma que, puisqu’on pouvait voir la surface de l’Étoile Rouge, les chevaliers-dragons devraient pouvoir s’y rendre. Il essaya d’y envoyer son lézard de feu. Dans sa panique, la petite créature non seulement disparut sans retour mais affola tous ses autres congénères.

Quand tout le monde se rassembla pour l’Éclosion de la dernière ponte de Ramoth, Lytol et Jaxom étaient dans l’assistance. On essaya de tirer Brekke de sa léthargie en la présentant comme candidate à la nouvelle reine, mais la tentative échoua. Toutefois, les rudes remontrances de Berd, son lézard bronze, parvinrent à la sortir de son affliction. Quand Jaxom s’aperçut que l’œuf le plus petit – celui-là même qui l’avait attiré le jour de son escapade avec Felessan – se balançait et roulait sur lui-même sans se casser, il se porta au secours de la créature qu’il renfermait et conféra l’Empreinte au petit dragon blanc qui en émergea. Jaxom, qui devait rester Seigneur du Fort de Ruatha, devint malgré tout aspirant du Weyr. On lui permit d’emmener Ruth dans son Fort, car on pensait que le minuscule dragon ne survivrait pas à sa première Révolution. F’lar, guéri de ses blessures, mit l’occasion à profit pour prouver aux Seigneurs et aux Maîtres Artisans que les larves attaquaient et dévoraient les Fils. Elles semblaient également protéger la végétation et réparer les dommages causés par les Fils. Le Maître Fermier, Andemon, se rappelant un ancien dicton : Attention aux larves, comprit qu’il avait été mal interprété, et qu’on avait brûlé les larves alors qu’il aurait fallu favoriser leur prolifération.

Ainsi, après des siècles d’oubli, la seconde méthode de protection instaurée par les premiers colonisateurs fut finalement redécouverte. F’lar entreprit alors deux campagnes avec l’aide de F’nor et de N’ton : la première pour disséminer des larves sur tout le Continent Septentrional ; la seconde pour diffuser les connaissances et éviter à l’avenir la perte ou la déformation d’informations capitales.

Mais, à l’incitation de Meron, les Seigneurs continuaient à intriguer pour que les chevaliers-dragons aillent sur l’Étoile Rouge anéantir à sa source la menace des Fils. Pour éviter que F’lar ne se livré à une tentative si dangereuse, F’nor dirigea Canth sur une formation nuageuse à la surface de l’Étoile Rouge. Ils firent un saut immense dans l’Interstice et manquèrent mourir dans l’atmosphère turbulente de l’Étoile Rouge. Mais Brekke, qui, affectivement, ne pouvait se passer de leur présence, les rappela, les sauvant ainsi d’une mort certaine. Après la tentative de F’nor, il devint évident pour tous les chevaliers-dragons et tous les possesseurs de lézards de feu qu’on ne pouvait pas attaquer directement l’Étoile Rouge. C’était tout simplement trop dangereux.

Ayant ainsi évalué la situation, F’lar consacra son énergie à disséminer les larves sur la planète et à surveiller discrètement le Continent Méridional devenu la province des Anciens dissidents, dont la situation devenait rapidement critique, car ils n’avaient plus de reine assez jeune pour s’accoupler. D’autres pressions se manifestaient, tout aussi critiques selon Robinton.

C’est ici que débute LE DRAGON BLANC, troisième volume de LA BALLADE DE PERN